Cobra Kaï – Saison 4 : L’union fait la force !

Il y a pratiquement un an que nous n’avions pas foulé les tapis du dojo Miyagi-Do. Nous n’avions pas réalisé à quel point le manque était immense jusqu’à ce que Netflix nous offre cette quatrième saison tant attendue. Cobra Kaï concluait sa troisième saison via un twist moins prenant que sur sa seconde saison, mais avait eu à cœur de rabattre toutes les cartes pour s’assurer un avenir qui ne tournerait pas en rond. Toujours porté par la nostalgie des films de la licence Karate Kid, la série créée par Jon Hurwitz, Hayden Schlossberg et Josh Heald se hisse désormais parmi les revival les plus réussis de franchises célèbres. Conciliant à merveille le fan-service avec un regard à la fois malicieux et critique sur ce qui a fait le succès des « action movies » dans les années 80, tout en ancrant son histoire de pied ferme dans les problèmes sociologiques de notre époque, Cobra Kaï est la preuve formelle qu’il ne suffit pas d’uniquement ressusciter des gloires passées pour s’assurer le succès. Une œuvre se doit d’être perpétuellement remise en question, analysée et décortiquée pour toujours réussir à s’accorder avec son époque. Sans pour autant partir dans un révisionnisme putassier, le but de Cobra Kaï n’est pas d’annihiler tous les symboles machistes qui ont forgé la réputation de Johnny au sein de Karate Kid, mais bel et bien de s’en emparer afin d’ouvrir le débat aujourd’hui. La saison 4 de Cobra Kaï gardera sa fibre nostalgique (signature oblige qui lui confère son aspect « cure de jouvence » si plaisant), mais va surtout s’atteler sur des problèmes sociétaux actuels avec une intelligence d’écriture toujours aussi puissante.

Le dojo de Daniel s’associe aux élèves restés fidèles à Johnny dans le but d’enrayer une bonne fois pour toute les méthodes d’enseignement abusives et violentes du senseï John Kreese envers ses élèves, les Cobra Kaï. D’un commun accord, une sorte de trêve règne entre les élèves. Ce qui déterminera la légitimité d’un dojo dans la Vallée devra se jouer lors du 51e Tournoi de Karaté qui aura lieu d’ici quelques semaines. Sentant le vent tourner, Kreese va chercher son ami, et ancien compagnon d’armes, Terry Silver. Le même Silver qui avait torturé et soumis Daniel à ses méthodes d’enseignement virulentes à l’époque. Lorsque Daniel voit revenir Silver en ville, il tente de mettre tout le monde en garde : Silver est le mal absolu, encore pire que Kreese lui-même. En parallèle, le fils cadet de Daniel, Anthony, devient le bourreau d’un nouveau venu dans son collège, Kenny. Ce dernier rejoint les rangs de Cobra Kaï afin d’apprendre à se défendre. Son comportement va devenir de plus en plus agressif au fil de son endoctrinement. Les histoires, les humiliations et incitations à la haine risquent de se répéter si Daniel et Johnny n’agissent pas en conséquence. Il est temps pour les deux amis-ennemis de s’unir définitivement et de faire la paix avec leur passé, il en va de l’avenir de leurs enfants.

Si nous vantions la violence des combats de la troisième saison qui s’éloignaient des traditionnels coups de karaté, cette nouvelle saison de Cobra Kaï revient aux sources de ses arcs narratifs pour prendre le temps de poser les choses. Tous les personnages sont bien installés et définis. Si la nouveauté se profile via le personnage de Kenny (très brillamment interprété par Dallas Young), Cobra Kaï possède désormais sa galerie de personnages bien ancrée dans son récit. Kenny, même s’il est nouveau dans la série, n’apporte rien de bien innovant à l’histoire, si ce n’est de montrer que les erreurs du passé peuvent se répéter inlassablement. En revanche, il permet aux showrunners d’appuyer leurs propos contre la dangerosité du harcèlement scolaire et tout ce que cela peut engendrer. En l’espace de 10 épisodes, Dallas Young se métamorphose. Le regard apeuré se transforme en colère puis en haine. Du haut de ses 12 ans, le jeune acteur fait preuve d’une richesse émotive ahurissante. Lorsqu’il décide de rendre les coups, l’enfant ne transparaît plus, il est devenu une machine à tuer impitoyable. Tout ce que Kreese et Silver cherchent à faire avec leurs élèves fonctionne sur le petit, malgré les mises en garde constantes de son entourage. Par ce prisme, les créateurs de la série pointent du doigt une fatalité inévitable envers le devenir de la jeunesse dans un monde où les adultes sont trop égocentriques pour ne pas voir que leurs querelles passées déteignent sur les enfants qui les entourent. S’il s’agit du sujet le plus préoccupant de la saison, Cobra Kaï n’hésite pas à se servir, encore et toujours, de la beauf-attitude de Johnny pour aborder d’autres questions non sans un certain panache. Ainsi, la « neuneurie » de Johnny va se confronter aux questions de genres (hétérosexualité, homosexualité, binaire ou non-binaire…) ou encore au wokisme non sans un certain second degré. Si on affectionne tant son personnage, c’est qu’il a pleinement conscience d’être lourdingue, mais préfère se cacher derrière l’image qu’il renvoie pour éviter d’avoir à trop se remettre en question. Ainsi, cela permet aux showrunners d’aborder des thèmes qui peuvent être épineux si on ne sait pas de quoi on parle, tout en amusant la galerie. Une preuve formelle, si besoin était encore de le prouver, de la belle richesse d’écriture de la série.

Bien entendu, Cobra Kaï continue de puiser dans la pop-culture afin d’étoffer ses propos. On se gardera bien de vous faire l’étale des innombrables morceaux et autres clins d’yeux à Rocky 3 ou encore Bloodsport, mais le fan des années 80 en aura encore pour son argent. Après avoir puisé toutes les références possibles aux films Karate Kid pour asseoir son histoire, Cobra Kaï a, avec cette saison 4, la lourde tâche d’avoir à créer des attentes plus fortes que sur de simples deus ex machina. Et il faudra attendre les deux derniers épisodes pour comprendre que la série possède encore une énorme ressource. Non pas que les 8 épisodes précédents soient dénués d’intérêt, bien au contraire, on s’éclate comme jamais à suivre les aventures de tous les personnages tant ils paraissent si proches de nous. Seulement, les deux derniers épisodes (le tournoi de karaté) font état d’un bilan nécessaire. En revenant aux origines des conflits (à savoir, la victoire de Daniel sur Johnny à la fin de Karate Kid), qu’ont appris les personnages ? Quelles leçons en ont-ils tirés ? Personne n’échappera à l’heure du jugement. Et c’est là que la série démontre que sa force et sa richesse d’écriture ont parfaitement fait le boulot. Il y a une satisfaction délicieuse qui s’empare de nous en cette fin de saison, c’est un plaisir presque indescriptible tant Cobra Kaï est une série qui se vit avec les tripes. De plus, ces deux derniers épisodes parviennent à apporter de la nuance à John Kreese, braquant les projecteurs de la méchanceté sur Silver (Thomas Ian Griffith toujours aussi impérial) pour une cinquième saison qui promet de ne pas faire dans la dentelle.

On le sait désormais, cela a été confirmé par les showrunners, Netflix a déjà acheté une nouvelle saison, et cette dernière est déjà dans la boîte. Quelques arcs narratifs méritent encore qu’on s’y attarde, mais gageons que cette cinquième saison devrait (doit) être la dernière avant d’épuiser le filon. Cobra Kaï tient encore la distance sur cette quatrième saison. L’ensemble est cohérent et parfaitement maîtrisé, cela serait dommage d’entacher une toile si parfaite au travers une saison de trop.

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